Courage fuyons ?
Ce soir en rentrant du travail j'écoutais la radio dans le bus qui pour une fois n'était pas bondé. Vive les vacances scolaires ! Les bus sont d'un calme, d'une quiétude en ce moment, un vrai bonheur. Et dire que la rentrée scolaire c'est dans à peine plus d'une semaine !!! Bon soyez rassurés je n'ai aucune aversion pour la jeunesse bruyante qui accompagne mes voyages en bus, j'ai juste un certaine inclination pour le calme, surtout après une journée passée à travailler.
Alors comme je le disais avant cette digression qui est je le crains intrinsèque à ma personne, j’écoutais la radio en rentrant. Serais-je une radio addicted ? La question mérite d’être creusée.
Bref au milieu des informations annonçant la probable prochaine pendaison de Saddam Hussein, la mort du seul président non élu des USA Gerald Ford, celle du parolier français Pierre Delanoë et l’encouragement à l’automédication par le ministère de la santé j’ai entendu une nouvelle bien surprenante. Revenons au ministre : il disait au journaliste avec force de conviction dans la voix, mais à mes oreilles moins dans l’argument, qu’il s’agissait de contrôler une certaine automédication pour le bien des patients. Peut-être ai-je été un peu distraite et n’ai-je pas saisi la protection pour celui qui s’auto médique (souffrez le néologisme) et n’ai-je cyniquement vu que l’avantage pour les économies en matière de sécurité sociale. C’est possible…
Soudain, au milieu des informations, voici que tombe une perle en matière de nouvelle insolite : une jeune fille d’une vingtaine d’années a fait croire à son enlèvement pour n’avoir pas été travailler. Cette jeune fille, le jour de Noël il me semble a envoyé un sms à ses parents les informant qu’elle avait été enlevée et qu’elle était retenue par son ravisseur. Les parents affolés ont prévenu la police qui a mis tout en œuvre pour arracher l’infortunée à son sinistre ravisseur. Le lendemain la jeune fille rappelait ses parents pour leur dire qu’elle était otage d’un inconnu. Plus tard elle réapparaissait et, interrogée par la police, ces derniers ont rapidement relevé des incohérences et invraisemblances dans son récit. On ne la fait pas à des professionnels. Ils n’ont pas tardé à lui faire avouer qu’elle avait tout inventé. Vient alors le moment le plus insolite à mon avis. Pour quelle raison la jeune fille aura-t-elle pris le risque d’infliger à ses parents une telle terreur, pour quelle raison aura-t-elle menti et prétexté un enlèvement ? Tenez-vous bien pour justifier une absence à son travail ! Celle là on ne me l’avait jamais faite. Les arrêts maladies je connais, la fièvre du petit dernier aussi. Mais un enlèvement ! Il faut le faire n’est-ce pas ? J’imagine ne pas être la seule à avoir été totalement interloquée par cette aventure. La jeune fille avait manqué une journée au travail et il lui fallait une raison valable pour justifier son absence. Prétexter une gastroentérite, un mal de dents et que sais-je encore, banalités que ceci ! Tant qu’à faire, inventons un enlèvement ! Devenons l’héroïne d’une histoire extraordinaire. Je croyais être au bout de mon étonnement quand j’ai entendu le journaliste expliquer la raison pour laquelle notre « héroïne » n’avait pas été travailler : elle devait de l’argent à un collègue et ne voulait pas lui restituer la somme due. J’avoue avoir du mal à suivre le cours de sa pensée. Envisageait-elle de ne plus jamais retourner travailler ? De se priver de son salaire juste pour ne pas rembourser une dette ? Ca semble absurde au possible. Cette jeune femme a écopé d’une amende substantielle et va devoir payer les frais engendrés par la mobilisation des forces de police pour la retrouver. Elle va devoir débourser des milliers d’euros pour n’avoir pas voulu rembourser la modique somme de 25 euros !
Je suis un peu ironique en racontant ceci ? Certainement mais j’essaie de retranscrire mon état d’esprit en entendant ceci. Ce que j’aime bien quand une situation m’interpelle, elle ouvre à des réflexions et interrogations qui rapidement me sortent de la position de « juge » pour rentrer dans celle de quelqu’un qui partage la même humanité et les failles potentielles de celui que je « jugeais » quelques minutes plus tôt. J’aime le Saint-Esprit parce qu’Il rétablit les choses dans le cours de mes pensées et me fait avancer. Loué soit Dieu !
Pourquoi cette histoire a retenu mon attention au-delà de la légitime stupéfaction qu’elle a provoquée en moi, c’est qu’en fait elle m’a conduite à une réflexion sur les incohérences de nos comportements face à certaines situations. Il nous arrive quelques fois de poser des actes que nous n’assumons pas et dont consécutivement nous fuyons les retombées. Pour ne pas avoir à faire face aux conséquences de nos actions nous sommes dans une fuite en avant qui peut à terme se révéler dramatique. Qui a jamais remarqué la pléthore de situations catastrophiques dans lesquelles s’enferrent les héros de vaudevilles pour masquer une présence inappropriée ? C’est le ressort du vaudeville cette accumulation de catastrophes mais combien de fois nous faisons la même choses engendrant des conséquences parfois terribles !
Alors que j’écris, il me revient un épisode vécu en 1979 (oh là là ça ne nous rajeunit pas tout ça ). Nous étions en vacances chez ma la sœur de ma maman. Ma tante avait eu le courage de recevoir une véritable colonie de vacances. Nous C’était très animé et nous devions être souvent intenables. Hommage à tata Miss. Nous devions être 16 enfants et adolescents dans sa maison. Quel courage n’est-ce pas ? Ma tante quand elle était mécontente nous noyait sous un flot de paroles et si d’aventure le lendemain nous refaisions une bêtise elle repartait de plus belle non sans avoir, comme dans les soap opéras fait un résumé des bêtises précédentes. A la fin des vacances quand elle grondait l’un ou plusieurs d’entre-nous, nous avions le résumé du catalogue des bêtises de nos vacances. Une de mes cousines et moi étions préposées aux courses (à notre plus grande joie car nous sortions avec sa bénédiction pour aller en ville) et chaque fois que nous allions faire des courses nous faisions une halte chez le disquaire pour écouter les derniers disques. Et voici qu’un jour, prises dans notre passion pour la musique, nous avons passé trop de temps dans le magasin et quand nous sommes sorties il faisait nuit. La terreur qui nous a saisies était sans nom. Ma tante avait reçu le renfort de ses sœurs parmi lesquelles ma mère. A l’idée d’affronter la logorrhée qui nous attendait, voire quelque correction physique nous avons sur le chemin fomenté un mensonge qui impliquait des adultes. Le mensonge était si bien ficelé et nous étions de toute évidence de grandes comédiennes. Les conséquences immédiates ont été de nous faire plaindre par nos mère et tantes. Nous étions contentes d’avoir échappé à une punition. Nous avions menti pour nous protéger !!! Seulement ce que nous avons dit a infléchi la destinée de l’une d’entre-nous. Petit mensonge d’adolescente ? Comme il est facile d’étouffer la conscience qui nous appelle à la vérité. Quelques fois je repensais à cet épisode et j’étais mal à l’aise mais je ne voulais pas prendre le risque de dire la vérité. A force d’entendre les autres raconter l’histoire qu’on leur avait présentée comme vraie et de ne pas répondre aux sollicitations de ma conscience, étrangement le mensonge est progressivement devenu une quasi vérité dans mon esprit. Etrange n’est-ce pas ? Je n’ai dit la vérité à ma mère sur cet événement qu’il y a quelques années, alors qu’elle se remémorait le traumatisme que nous avait causé l’adulte que nous avions incriminée. La faute ne sera pas réparée, la victime de nos lâchetés s’en est allée. Peut-être n’a-t-elle pas su ce dont nous l’avions accusée. Peut-être n’a-t-elle pas su que certains événements de sa vie ont trouvé leur source dans la lâcheté de deux adolescentes qui pour ne pas être punies on fait un « gros mensonge ». Quelle histoire n’est-ce pas ? Quelle tâche sur la conscience et quelle blessure dans la mémoire. Ne valait-il pas mieux recevoir au besoin une correction et oublier l’épisode ? C’est à ça que je veux en venir, fuir nos responsabilités dans le présent ne fait qu’en différer les conséquences pour nous et pour d’autres qui en subissent les dommages collatéraux. Mon expérience m’apprend que le mensonge est une prison qui sépare des autres, de soi, de Dieu. Je trouve le prix trop élevé pour un confort passager.
Souvent dans notre relation avec Dieu il nous arrive de fuir, de différer le moment de la confrontation avec Lui. Quand nous sommes dans cette attitude nous ouvrons la porte à des dommages ultérieurs plus grands alors que ça vaut la peine de venir à Celui dont la miséricorde triomphe du jugement (Jacques 2 :13). L’exemple de David dans la bible qui a commis l’adultère et qui pour ne pas affronter les conséquences de son forfait fomente le meurtre de l’époux de Bath Scheba qui est enceinte de ses œuvres. Il passe de l’adultère au meurtre !! C’est malheureusement le chemin de la non assomption de nos actes. Dieu dans son amour vient à David au travers du prophète Nathan. Il ne veut pas laisser son serviteur s’enferrer plus avant dans le crime. Il ne veut pas que David s’éloigne de son Dieu de manière irrévocable. David avoue, Dieu pardonne, la vie revient : « Heureux l’homme a qui la transgression est remise, à qui le péché est pardonné ! Heureux l’homme à qui l’Eternel n’impute pas l’iniquité, … tant que je me suis tu, mes os se consumaient, je gémissais toute la journée… j’ai dit j’avouerai mes transgressions à l’Eternel ! Et tu as effacé la peine de mon péché ! » Psaume 33 :1-5
Aussi longtemps que nous ne réaliserons pas qu’il est amour (1 Jean 4 :16) nous essaierons de fuir Dieu quand nous sommes en faute, comme s’il attendait que nous soyons parfaits pour être aimés de Lui ! Tant que nous fuirons loin du libérateur nous enchaînerons nos consciences et nous préparerons à des lendemains qui déchantent. C’est encore plus ridicule que de se retrouver avec une dette de plusieurs milliers d’euros pour n’avoir pas voulu en rembourser 25 !!!! Pour n’avoir pas su nous tourner vers le Père nous courons le risque d’être dans une fuite en avant loin de toute paix. Le pris est trop élevé. Vers quelles dérives et aberrations allons-nous juste pour ne pas faire face aux conséquences de nos actes ? Moi j’ai trouvé la liberté en osant plonger mes regards dans ceux de mon Père. Je le connais il ne se lasse pas de pardonner. Il ne se lasse pas de me pardonner. Il m’a pardonnée. J’ai reçu et accepté son pardon. Je me suis pardonnée. Que son nom soit béni.
« Que le méchant abandonne sa voie, Et l'homme d'iniquité ses pensées; Qu'il retourne à l'Éternel, qui aura pitié de lui , à notre Dieu qui ne se lasse pas de pardonner »
Que Dieu vous bénisse, il vous aime, il nous aime infiniment.